MISIR: DEMOKRASİ ÖLDÜ, YAŞASIN DEMOKRASİ?

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Etre démocrate, c’est faire preuve de cohérence sur le plan des principes. Cette cohérence implique de qualifier comme tel le coup d’Etat qui vient d’avoir lieu en Egypte et de lui opposer une fin de non-recevoir absolue.

Etre démocrate, c’est faire preuve de cohérence sur le plan des principes. Le coup d’Etat militaire qui a eu lieu en Egypte le 3 juillet dernier est une occasion d’observer une mise à l’épreuve dans le chef d’une série de “démocrates” qui rechignent à qualifier comme tel ce coup d’Etat et se contorsionnent pour le justifier. Dans l’analyse des événements qui secouent ce pays depuis octobre 2011, ce sont les principes qui doivent servir d’aiguillon, pas l’affiliation politique des acteurs en présence.En Europe et en Amérique du Nord, le renversement du pouvoir civil et démocratiquement élu par l’armée est devenu chose impensable. Mais, dans le cas de l’Egypte, l’armée semble subitement perçue comme “garante de la laïcité” et son irruption dans l’arène politique comme, au mieux, “un mal nécessaire”. Il est prétendu que Morsi, premier président démocratiquement élu de l’histoire de l’Egypte, n’a pas répondu aux attentes de l’ensemble de la population, qu’il a divisé la société égyptienne, qu’il n’a pas trouvé de solution aux problèmes socio-économiques que connaît ce pays, qu’il n’a de toute façon été élu que par une minorité du peuple et que 22 millions de signatures auraient été recueillies pour sa démission.

L’Egypte n’a pas encore connu de régime démocratique. Le 25 janvier 2012, le dictateur Moubarak a été renversé, mais le système dans lequel il a évolué s’est maintenu et tout le monde ne s’est pas subitement transformé en démocrate. Les élites bureaucratique, médiatique et judiciaire, principaux acteurs du “système Moubarak”, ont fait barrage à la normalisation et au renforcement de la démocratie. C’est notamment la Cour constitutionnelle qui a dissout le Parlement issu d’élections régulières, déclaré illégale la Commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution, ou encore annulé le renouvellement et l’apolitisation du corps judiciaire. Et la Cour a été légitimée dans chacune de ses interventions par les principaux organes de presse et leaders de l’opposition, comme El Baradei, Moussa ou Sabbahi.

La démocratie, à l’image d’un jeu, comporte des règles auxquelles il faut se plier. On ne peut pas, en cours de partie, refuser d’en appliquer certaines. Se référer au verdict des urnes constitue la principale règle de ce jeu et rien ne peut se substituer à leur résultat. Par ailleurs, dans les démocraties, la société est toujours divisée. C’est la rhétorique de son unité qui est potentiellement totalitaire, puisque l’unité politique (et pourquoi pas un système à parti unique ?) efface la diversité et le pluralisme.

Morsi a gagné des élections libres et régulières, sa légitimité est donc incontestable. A-t-il été élu par une minorité ? Oui, puisqu’il a obtenu une majorité de 52 % des voix lors d’une échéance électorale où le vote n’était pas obligatoire et où le taux de participation était bas. Il existe de nombreux pays où ce cas de figure se présente, dont les Etats-Unis. Le taux de participation aux élections présidentielles y est bas, parfois inférieur à 50 %.

Si on suit le raisonnement articulé contre Morsi, l’administration Obama n’a recueilli les faveurs que d’un quart, voire d’un cinquième de la population américaine et elle peut être déclarée illégitime. Dans un autre registre, l’initiative du président français Hollande en faveur du “mariage pour tous” a clairement divisé la société française. Dans le cas américain, le camp républicain n’a pas réuni 2 millions de manifestants devant la Maison Blanche à coups de “Obama : Game Over”. De même, aucune intervention de l’armée n’a été à l’ordre du jour en France au titre de “mal nécessaire” pour “restaurer la confiance” entre les Français.

Une majorité démocratiquement mise en place n’a aucune obligation de travailler avec l’opposition. Elle le peut, si elle le souhaite. Elle y est parfois contrainte de fait en raison du rapport de forces. C’est ainsi que la réforme d’Obama en matière de vente d’armes a été avortée en raison du poids des élus républicains au Sénat. Mais, lorsque le rapport de forces est à son avantage, une seule limite encadre l’action de la majorité : le respect de la Constitution, notamment le respect des droits fondamentaux.

Les opposants à Morsi déclarent avoir recueilli 22 millions de signatures demandant sa démission. Mais la démocratie, ce n’est pas un système d’amassement de signatures ; c’est un système d’amassement de suffrages. Ce qui compte, en définitive, c’est de traduire ces signatures en voix aux élections. C’est ça, la démocratie. Avec ce coup d’Etat, la division de la société égyptienne a-t-elle cessé d’exister ? Non, le jeu démocratique a été rompu et les 52 % qui ont élu Morsi ont été exclus.

Le bilan socio-économique de Morsi est-il médiocre ? Peut-être. A ses opposants de mener campagne sur ce point auprès des électeurs pour les convaincre de modifier leur préférence électorale lors de la prochaine échéance. C’est de cette façon que l’alternance politique sera possible et certainement pas à travers un coup d’Etat.

A cet égard, en reconnaissant le putsch militaire et, comble de l’ironie, en demandant à l’armée de favoriser la transition démocratique, l’Union européenne a failli, comme elle avait déjà failli à l’entame du “printemps arabe”. Le mercredi 24 juillet, lors d’une cérémonie de remise de diplômes à une nouvelle promotion des facultés maritime et de la défense aérienne, le général al-Sissi a appelé “le peuple égyptien” à descendre massivement dans la rue le vendredi 26 juillet pour “lui donner le mandat de mettre fin au terrorisme”. 24 heures plus tard, la répression a d’ores et déjà causé la mort de dizaines de personnes dans les rangs des manifestants anti-coup d’Etat réunis en nombre sur la place Rabia al-Adawiyya, au Caire.

Etre démocrate, c’est faire preuve de cohérence sur le plan des principes. Cette cohérence implique de qualifier comme tel le coup d’Etat qui vient d’avoir lieu en Egypte et de lui opposer une fin de non-recevoir absolue. Au lieu de cela, de nombreux démocrates “bien de chez nous”, largement relayés par la majorité des médias occidentaux, recourent à des lectures éculées sur l’”islamisme” et passent à la postérité comme les partisans d’un monde divisé en deux catégories : les anciennes nations colonisatrices qui ont droit à la démocratie et les peuples du Sud qui doivent désormais se rendre à l’évidence qu’ils ne peuvent compter sur les premières pour conquérir la leur.

Mehmet Alparslan Saygın

http://blog.saygin.eu/

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