La cartouche Game Boy

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Le mauvais temps céda sa place au soleil, la cartouche du jeu Picsou bien insérée dans la Game Boy, je me rendis dans le parc le plus proche. Sur le chemin, une personne à l’allure mystérieuse semblait me suivre. Il paraissait être une personne peu recommandable, des lunettes noires, un chapeau melon et un costume noir, il avait un air de Blues Brothers orphelin de son acolyte. Sauf que celui-ci avait une allure plus sinistre. Arrivé au parc, je m’installais sur un banc pas trop éloigné d’autres individus. Installé à côté de moi, j’allais enfin comprendre ce qu’il me voulait.

L’homme mystérieux: Picsou, je l’avais ce jeu quand j’étais gamin, il est chouette quoique un peu court mais la difficulté est bien dosée. Bon allez, vire-moi la cartouche, je vais t’en refiler une autre.
Moi: Écoutez, je veux juste jouer à mon jeu tranquillement.
L’homme mystérieux: Tu vas fermer ta gueule et jouer au jeu jusqu’au bout, si jamais tu éteins la console portable, je te retrouverais et te plomberais une balle dans ta boîte crânienne. Tu as voulu te divertir, ce que je te propose c’est une expérience unique. Le jeu est simple: 4 stages et à la fin tu sauves la princesse, t’as compris? On s’en fout, je ne me répéterais pas. Prends la cartouche!
Moi: Il n’y a pas d’étiquette, il s’agit de quel jeu?
L’homme mystérieux: tu la fermes et tu joues d’accord Christian! Je te rendrais ton jeu Picsou plus tard! Encore une chose: tu as trois vies, interdiction de recommencer!
Moi: Vous me connaissez donc! Juste une question, pourquoi moi?
L’homme mystérieux: Pour vérifier!
Moi: Vérifiez quoi?
L’homme mystérieux: Je ne réponds plus! Maintenant tu allumes et tu joues! Je m’en vais!

J’allumai la Game Boy et j’étais instantanément propulsé dans le jeu. Ce n’était pas un univers en noir et blanc mais bien en couleur, j’étais en chair et en os, j’aperçus sur le creux de ma main trois cœurs dessinés. Il était indiqué « Stage 1 » sur un panneau face à moi. J’étais le personnage principal du jeu vidéo. J’étais dans un décor très linéaire, je n’avais qu’un choix: avancer, obligé d’ouvrir la porte devant moi. À l’intérieur, une petite salle avec un compte à rebours. Une vingtaine de personnes était installée, la seule place inoccupée était celle qui leur faisait face, pas le choix, je m’installai. Je ne comprenais pas le but de ce stage, je ne voyais pas de sortie. Je me mis alors à fixer les personnes et là ce fut le choc: je les connaissais tous! J’étais dans une pièce où se trouvait l’ensemble de mes ennemis. C’était insoutenable, je voulais m’en aller, ils me fixaient tous avec un air méprisant, c’était désagréable, je voyais qu’il ne me restait plus que quelques minutes. Que devais-je faire? Leur parler? Les combattre? J’essayais d’éviter leur regard, mais c’est en regardant ma main que je compris que ce n’était pas la bonne solution, je venais de perdre un cœur, il s’est effacé, il ne m’en restait plus que deux. J’ai soudain compris la règle du jeu: je devais identifier mon pire ennemi et le fixer droit dans les yeux! Trouvé! C’était un homme qui m’avait lâchement agressé durant mon adolescence. Je ne le lâchais pas du regard, j’étais menaçant. Le temps était enfin terminé, il baissa les yeux! Stage réussi, une porte s’ouvrit au fond de la salle.

J’étais soulagé d’avoir pu réussir le premier niveau. En me rendant dans le stage 2, je savais que la suite allait être plus difficile. Ce nouveau stage était apaisant, une musique douce, des couleurs vives, je pouvais respirer. Un bouton devant moi, je devais sans doute appuyer dessus, ce que je fis sur le coup. Soudain, le noir complet, la musique avait cessée d’émettre. J’avançais tout droit, lentement, dans le noir. Pour plaisanter, je dis tout haut: « Un indice, s’il vous plaît ». Et là, j’entendis une fille crier: «Suis ma voix» . Mon sang n’a fait qu’un tour. « Vous êtes qui ?» demandais-je. « Je suis le fantôme de la fille morte à côté de la porte, viens vers ma voix, je suis à côté de la sortie ». Je me dis qu’il ne s’agissait que d’un jeu mais la trouille avait envahi tout mon corps, sa voix était si inquiétante qu’elle ne me donnait qu’envie de m’en éloigner. Mais je pris mon courage à deux mains, tout en me retenant de ne pas me faire dessus, et me rendis vers la voix. Elle parlait de son accident. J’écoutais son histoire, je tremblais de peur, je me sentais de plus en plus proche: « Mon père n’a pas pu freiner à temps et ma tête a percutée la portière si fort que je mourus sur le coup… ». En entendant ça, je me suis arrêté sur le champ. Ma grande sœur, Chloé, était morte de la même manière il y a dix ans. En pleurs, je demandais s’il s’agissait bien d’elle. « Oui, Christian, viens vers la sortie, n’aie pas peur ». J’étais à quelques pas d’elle, la lumière s’alluma soudainement. Chloé était présente, impassible, par terre, juste à côté de la porte, je n’osais pas aller vers elle, j’étais en sanglots et j’ouvris expressément la porte pour passer à la suite.

J’avais toujours deux vies. Le stage 3 allait-il être à nouveau fort en émotion? Une autre salle, longue,  avec une table devant l‘entrée, dessus une arme à feu chargée, une seule balle. En prenant l’arme en main, j’entendis le cri d’un animal, il venait à toute allure vers moi, il était assez évident qu’il fallait l’abattre sur le coup. Sa silhouette était imposante, il s’agissait d‘un lion tout noir, l’animal se précipitait vers moi pour me dévorer, je le visais, prêt à tirer au bon moment, mais ma non-violence m’empêcha d’appuyer sur la gâchette, l’animal n’était plus qu’à quelques mètres de moi, je balançai l’arme au sol et compris que j’allais perdre une vie ou même faire un “Game Over”. Mais mon refus de l’abattre fit stopper l’animal, il se retourna et s’en alla. J’avais réussi. Sans crainte, je suivis l’animal. Après un parcours de plusieurs dizaines de mètres: une porte, le Boss final!

Si j’étais content d’arriver au dernier niveau, j’avais peur de connaître le déroulement final. En ouvrant la porte, qu’elle ne fut pas ma surprise: le Boss, le méchant du jeu, ce n’était personne d’autre que moi. Je devais me combattre. « Vous êtes Christian ? » demandais-je. « Je suis Judas haha! Non, je suis ton âme! Récupère-moi ou tu perdras! Tu as récupéré l’arme à feu balancée par terre? Non? Dommage, tu vas devoir utiliser la force de tes bras! Viens te mesurer à moi! Euh, enfin à toi haha! Ah oui, regarde ta main, les deux vies restantes ont disparu, tu perds ou tu gagnes! Prêt? ». Et là, je sortis de ma poche l’arme à feu que j’avais ramassé, qu’elle ne fut pas sa surprise. « Tire! Allez! ». Je le visais, je n’avais que le choix de le tuer pour finir le jeu. Mais en le tuant, allais-je perdre mon âme et continuer ma vie sans elle? C’est alors que je décidais de ne pas tirer sur lui mais bien sur moi-même, je me suis visé mon propre cœur et j’ai appuyé sur la gâchette. Pan!

Soudain, je me suis retrouvé à nouveau dans le parc, au même endroit, une fille souriante venait vers moi pour s’installer à mes côtés: « Un homme bizarre m’a donné cette cartouche et m’a demandé de vous la donner, c’est un jeu pour la Game Boy, c’est à vous? ».

Avec un grand soulagement, je compris que le jeu était terminé. La jeune femme face à moi était « la princesse » que je devais sauver, l’homme mystérieux allait donc l’éliminer si je ne réussissais pas son jeu, j’ai aussi sauvé mon âme, j’étais donc débarrassé de cet individu malsain. J’entamai la conversation avec « la princesse » et j’étais bien décidé à continuer mon aventure avec elle.

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1 Yorum

  1. Merci YeniVatan pour la publication, merci aux lecteurs.

    Je corrige deux fautes: “avait cessé”, j’avais mis un «e» à cessé par inattention.
    “quelle ne fut pas ma (sa) surprise” et non «qu’elle», encore de la distraction.
    Il y a sûrement d’autres fautes…

    J’espère que mon histoire vous a plu.

    Erol (erol-bas@hotmail.be)

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