Il existe un village au fin fond de la Turquie connu de personne. À vrai dire, des siècles auparavant, ce lieu était le plus tristement célèbre du pays, tous les villageois des alentours n’en pouvaient plus de ce village si méprisé.
Ce village a un nom, Deliköy. Pourquoi ses habitants étaient-ils si malaimés? Tout était dû à leur vulgarité. Les villages voisins étaient insultés jours et nuits par les Deliköylu. Leur violence verbale était telle que le Pouvoir du pays ordonna que ce village soit isolé des autres, un grand mur fut bâti tout autour pour empêcher tout contact avec l’extérieur.
Et des siècles plus tard, isolé, ils ont été oublié de tous. Mais un habitant du lieu émit le désir de passer ce mur afin de se faire connaître. Il était d’ailleurs étonné d’être le seul à vouloir s’en aller. En apprenant la nouvelle à sa famille, il fut traité de tous les noms, le contraire eût été étonnant.
Avec l’aide de sa sœur, il se mit à creuser un tunnel reliant à l’autre côté du mur. Une fois accompli, sa sœur lui souhaita d’aller “se faire foutre” : l’adieu de Deliköy. Dans le village voisin, l’accueil fut glacial, peut-être dû à son manque de courtoisie. Il décida d’aller voir un spécialiste: Jean Duc!
Jean Duc: Bienvenue à tous, vous êtes chez les Insultoliques. Votre problème, je vais le résoudre, fini les « connards » et j’en passe. Plus d’insultes! Vous allez être comme une personne normalement éduquée, ça ne va pas être une mince affaire mais vous allez y arriver. Une question?
Sabine: Oui! C’est quand que tu vas fermer ta grande gueule…
Jean Duc: Tu vois Sabine, j’admire tes efforts, avant tu étais bien plus agressive.
Sabine: C’est parce que tu m’as coupé avant que je finisse. Donc je disais, c’est quand que tu vas fermer ta grande gueule d’enflure de gros connard de merde.
Jean Duc: Une autre question?
Paul: ton nom Duc, c’est le diminutif de Ducon?
Sebastien: Ou je pense plutôt à Trou Duc!
Jean Duc: Bon passons à la suite. Emir est notre nouvel arrivant, je vous propose de lui souhaiter un très bon accueil.
Amel: Non qu’il aille se faire foutre.
Emir: Je suis là pour guérir, m’exprimer correctement et me casser vite fait parce que j’en peux plus de vos sales gueules de merde.
Jean Duc: Merci Emir, bienvenue, crois-moi d’ici peu tu vas réussir.
Jean-Marie Bigard: Non mais hé Ducon, ça fait deux ans qu’on se fait chier ici pour rien, je ne sais pas si t’as de la merde dans les oreilles mais jamais on n’a été aussi vulgaire: mes insultes ont multiplié par dix depuis que j’ai vu ta tronche de cul. Donc prends-toi un ballet à chiotte et nettoie vite tes oreilles décollées.
Claire: Oui, c’est vrai Jean Duc, moi je n’étais qu’une fille à peine vulgaire et depuis que je suis inscrite ici, j’ai une fâcheuse envie de défoncer ta sale face de merde. J’ai envie de t’offrir un coup de genoux dans les couilles.
Jean Duc: Bon, bon. Les cadeaux c’est pour plus tard. D’ailleurs, celui de l’année passée était assez original: envoyer une lettre d’insultes à ma femme, signé à mon nom. Je ne sais pas qui l’a fait mais ça a été efficace, on a divorcé.
Jean-Marie Bigard: Ah oui, « Lettre à ma salope de femme », c’était mon idée! T’inquiète, une nouvelle lettre a été envoyée à ton père mourant: « Lettre à mon daron », ça parle d’héritage, d’euthanasie… Ça va lui plaire.
Jean Duc: Merci Jean-Marie. Alors Emir, motivé?
Emir: À ce que j’entends, ça n’a pas l’air d’être efficace ton truc, t’es un spécialiste de la mords-moi-le-nœud. Je vais retourner à Deliköy, y a rien à faire: chasser le naturel il revient au galop.
Jean-Marie Bigard : Bien dit! Mais l’autre spécialiste de mon cul ne pige pas ça! Je me casse, je vais aller baiser sa femme.
Jean Duc: Oui, c’est ça casse-toi! Vous faites tous chier, avant j’étais un homme normal, j’étais le roi de la politesse, aujourd’hui je me retiens d’insulter qui que ce soit, à cause de vous bande d’enflures! Je vous déteste, allez vous-en tous!
Voilà pourquoi, des siècles auparavant Deliköy fut celé: éviter que la vulgarité se propage. Emir retourna dans son village. Durant le chemin, il se mit en tête d’épouser une femme, il chercha même déjà le prénom de son futur enfant, un joli nom lui vint à l’esprit: Tamer.
Arrivé à Deliköy, l’accueil fut chaleureux: des crachats lui illuminèrent le visage. Il avait des tas de projets et s’empressa de se rendre dans le bar le plus proche pour en faire part à ses amis, son endroit préféré: « Le Bachi-Bouzouk » en hommage à l’idole de Deliköy, le capitaine Haddock. Qu’elle ne fut pas sa surprise à l’entré du bar.
Jean-Marie Bigard: Salut Emir, franchement c’est génial chez toi, j’ai l’impression d’être au Paradis.
Et c’est ainsi que Deliköy réapparu sur la carte de la Turquie. Peut-être parce que personne ne doit être laissée dans l’indifférence.